La danse au Moulin Rouge - Toulouse-Lautrec

21/02/2021

La danse au Moulin Rouge - Toulouse-Lautrec

Chaque oeuvre nous dit quelque chose de l'époque de sa création, un peu aussi de ce que nous sommes, d'après le regard que nous lui portons.

Le sujet, les moeurs, le travail de l'artiste ne sont pas indifférents, mais porteurs de sens.

 

La danse représentée nous semble familière, mais imaginons quels scandales elle a pu provoquer, à une époque où les femmes bien élevées ne montraient pas leurs chevilles. Soulever ses jupons restait choquant, même au cabaret. Et ce n'est pas pour rien qu'on s'y pressait, histoire de s'encanailler.

 

La peinture n’a pas de son, mais on imagine une musique entraînante. Les deux danseurs sont au centre de tous les regards. Derrière eux, hommes et femmes, amateurs de la vie nocturne, se pressent en une masse compacte.

 

Au premier plan, un homme en noir, haut-de-forme et costume sombre, à l’allure dégingandée. Ses jambes démesurément longues lui ont certainement valu le sobriquet dont il a été affublé, « le désossé ». Sans souci d’une perspective réaliste, le peintre lui fait écarter les pieds en un pas gigantesque. Il est vrai que, s’il était connu pour ses qualités de danseur, il était aussi un peu contorsionniste…

 

Nez crochu, menton en pointe, de profil, visage fermé, s’il est heureux de danser, il ne le montre pas. Le peintre le campe d’un trait rapide, comme une esquisse prise sur le vif, sans se préoccuper de reprendre une main déformée : l’essentiel est dans l’impression de mouvement et d’énergie qui se dégage.

 

A ses côtés, une danseuse, dont la robe colorée forme la seule tache claire sur le tableau. C’est La Goulue, célèbre danseuse de cabaret. La touche est légère et accompagne le mouvement des bras retenant les étoffes.

Sa jupe se soulève, les jupons ne sont plus cachés et s’envolent. Tous deux sont entraînés dans une danse célèbre qui a fait la renommée des bals de la Belle Epoque, le french cancan.

 

Des taches blanches figurent des lumières ou peut-être leur reflet dans des miroirs.

 

Cette huile sur toile de 1895 de grande taille (environ 3 mx 3 m) était destinée à la baraque de la Foire du Trône de La Goulue.