Les repasseuses - Edgar Degas

15/03/2021

Les repasseuses - Edgar Degas

Quel regard les artistes portent-ils sur le travail de leurs contemporains ? Un bel exemple avec Degas, plein de délicatesse en face de ces femmes fatiguées par les heures passées sur les fers brûlants. 

Elles s'épuisent sur leur travail, dans la chaleur de la blanchisserie. Il faut bien se désaltérer. Le vin viendra peut-être soulager la soif, mais d'autres maux en seront la conséquence. Et pourtant, Degas porte un regard sans misérabilisme sur ces travailleuses. Sans idéalisme non plus, car il sait que la condition ouvrière au 19è siècle n'est pas rose. Il se fait l'observateur attentif du monde du travail, populaire, éprouvé.

 

Ces femmes sont fatiguées. L'une appuie, de toutes ses forces, le fer sur le tissu où ne devra rester aucun faux pli. L'autre baille, tenant sa bouteille par le goulot. Le peintre ose montrer ce geste si naturel, mais peu valorisant. Une bouche ouverte, c'est nouveau en peinture... On est loin des danseuses, des paillettes de l'Opéra qui ont fait le succès de l'artiste ; les petits rats aussi travaillaient, pour vivre. Ici, le labeur est moins charmant. Le décor est dépouillé : on devine le poêle brûlant sur lequel étaient posés les fers avant usage.

 

 La toile épaisse de lin gris se devine par endroit au travers de la peinture. Les tons jouent sur une harmonie de bleus et orangés. Degas traitera à plusieurs reprises ce thème des repasseuses.

 

Cette huile sur toile, peinte vers 1884-1886, est conservée au musée d'Orsay